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Ces jeunes actifs qui passent leur été au bureau !

Laura travaille dans son bureau à Strasbourg

Ces jeunes actifs qui passent leur été au bureau !

Juillet, août, et les traditionnelles vacances d’été… Pas pour tous ! Beaucoup de jeunes adultes préfèrent partir à l’aventure au printemps ou en automne, tout en savourant la quiétude des bureaux déserts durant la période estivale.

Cet été, ils n’écouteront pas le bruit des vagues avachis sur une chaise longue, les doigts de pied en éventail. Pas de soirées endiablées dans les beach clubs de la Côte d’Azur, ni de city break dans une capitale européenne. Ils sont de plus en plus nombreux ces trentenaires qui boudent les vacances d’été. Plages bondées, chaleurs extrêmes, prix exorbitants : voici les raisons qui poussent certains à repenser leur manière de voyager, quitte à passer l’été enfermés au bureau !

En 2025, près de deux Français sur trois (63%) ont prévu de partir en juillet et août selon une enquête réalisée par le cabinet Elabe. Un chiffre en hausse de 10% par rapport à 2024. Parmi ceux qui resteront chez eux, la moitié invoque des raisons financières, tandis que 23% préfèrent partir hors saison. Surreprésentés dans cette catégorie, les jeunes adultes se plaisent à voyager autrement, entre slow tourisme et expériences culturelles inédites. C’est le cas de Laura, trente ans, que nous rencontrons dans un café strasbourgeois.

A peine assise, son téléphone professionnel sonne. Elle est obligée de répondre. « Une urgence » indique la jeune juriste qui exerce au Conseil de l’Europe. Motif ? Le recours d’un requérant contre des mesures d’expulsion qui doit être traité dans les 24 heures. Cette semaine, Laura assure la garde de son service : le reste de l’équipe est en congé ou en télétravail (ou les deux pour ceux qui n’arrivent pas à couper). Entre les requêtes et les procédures de long court, pas le temps de chômer. Et ça arrange bien ses collègues qui peuvent profiter pleinement du soleil en famille.

« Je ne comprends pas les jeunes adultes sans enfant qui voyagent en été »

Sévrine non plus n’est pas un aoûtienne dans l’âme. Cette cheffe de projet RH de 39 ans est connue pour sa présence indéfectible au bureau durant la saison estivale. « Depuis que j’ai commencé à travailler (ndlr il y a douze ans), je n’ai jamais pris de vacances en été. J’ai de la peine à comprendre les jeunes adultes sans enfant qui voyagent durant cette période où il y a tellement de touristes », confie-t-elle. Pourtant, ce n’est pas faute de détester les voyages : photographe pendant son temps libre, elle découvre quatre à cinq destinations par an, principalement des villes. « Je ressens aussi le besoin d’aller à la plage, au moins une fois dans l’année. Je choisis des endroits où il fait chaud dans l’entre-saison, comme la Thaïlande en novembre ou la Floride au mois de septembre. »

Les personnes que nous avons rencontrées sont unanimes : si le prix n’est pas le facteur déterminant pour décaler ses vacances, il influence la décision. « Je suis parti en Colombie l’automne dernier. Le prix du vol était 150€ moins cher que pour le même voyage en août », explique Louis, 31 ans, ingénieur en énergies renouvelables dans une start-up parisienne. Ce constat est partagé par Sévrine qui a passé une semaine à Venise avant les grandes vacances, économisant ainsi 400€. Selon une étude d’Amivac relayée par Capital, les réservations de logement sur les côtes françaises coûtent en moyenne 36% moins cher en septembre que durant la période juillet-août. 

Une saison pour ralentir

Si l’été est considéré comme une période propice au ralentissement, c’est également le cas au travail. Lorsque la plupart des collègues profitent de congés aux quatre coins du globe, le rythme s’adoucit dans les bureaux, comme à l’extérieur. Avec moins de monde dans les transports, une offre élargie d’activités culturelles et de nombreux cours de sport en extérieur, on peut croire que tout est pensé pour alléger le quotidien des non-vacanciers. Ce qui ne signifie pas que les employés se tournent les pouces : « L’été, je peux travailler en profondeur sur des projets qui me tiennent à cœur. C’est la période idéale pour se mettre à jour sur les dossiers en cours et aborder sereinement la rentrée, toujours stressante, de septembre », relate Sévrine.

Au Conseil de l’Europe, la pause estivale est synonyme de veille juridique et comptes-rendus d’actualité géopolitique. Laura a trouvé une alternative pour voyager tout en exerçant son activité professionnelle : le fameux télétravail. Cet été, elle s’est déplacée en Suisse et en Italie, son ordinateur toujours dans sa valise. « Je suis très efficace en télétravail. Quand je suis à l’étranger, je profite pour débuter ma journée plus tôt, afin d’être libre dès 17 heures pour découvrir la région. » Elle admet tout de même comprendre les craintes de certains employeurs face au mix télétravail-voyage.

Un pari gagnant-gagnant

Si les trentenaires préfèrent partir avant ou après l’été pour profiter de vacances plus calmes et éviter le tourisme de masse, cela ne déplait pas forcément aux managers. « Mon chef est très satisfait que je sois là pour assurer la maintenance de nos installations en août. Personne ne voulait s’y coller », sourit Louis. Cette expérience lui permet de monter en compétences en reprenant les tâches de ses collègues absents.

Sévrine, Laura et Louis se disent ravis de leurs voyages (ils ont chacun visité au moins une vingtaine de pays) et de la liberté dont ils disposent pour partir « quand ils veulent ». Cependant, ils sont conscients que ce ne sera pas éternel. Tous trois espèrent fonder une famille, avec le risque d’entrer dans la catégorie très prisée des traditionnels aoûtiens de la Côte d’Azur. Avant cela, il leur reste quelques années pour profiter pleinement de ce rythme de vacances décalé du calendrier scolaire. Enfin, profiter ce sera surtout après la rentrée, parce qu’en ce moment c’est boulot, boulot, boulot !

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