Un Boeing prend feu après son décollage, l’avionneur américain encore remis en question
Un Boeing 767-400 de la compagnie Delta Airlines a dû faire demi-tour en urgence après l’embrasement de l’un de ses moteurs peu après son décollage de l’aéroport de Los Angeles. Si aucun blessé n’est à déplorer, l’incident s’ajoute à une série noire pour l’avionneur américain.
Des images qui glacent le sang : le ciel de Los Angeles a été traversé par des flammes ce lundi. Le vol DL446 de Delta Air Lines, un Boeing 767-400 en route pour Atlanta, a dû atterrir en urgence après l’incendie de son moteur gauche. L’avion venait de décoller de l’aéroport de Los Angeles. La scène a été entièrement filmée par Josh de la chaîne YouTube L.A. Flights. On peut y voir les flammes sortir de l’un des réacteurs pendant l’ascension de l’appareil.
Certains passagers ont commenté la vidéo, témoignant d’un grand calme à bord de l’avion malgré la panique intérieure. Les pompiers sont intervenus rapidement et la situation a pu être vite maîtrisée. Aucun blessé n’est à signaler. Mais si l’incident s’est bien terminé, il soulève encore des interrogations autour de la fiabilité des appareils Boeing.
C’est le deuxième incendie de moteur en six mois pour un avion de la compagnie Delta Air Lines. Le 1er janvier, un Airbus A330neo avait déjà dû rebrousser chemin à Atlanta pour les mêmes raisons. Et pourtant, c’est bien vers le nom de Boeing que les regards se tournent. L’avionneur américain accumule les déboires, et chaque nouveau pépin technique ravive la mémoire d’une décennie d’incidents et de crises.
Depuis les deux crashs mortels du 737 MAX 8 en 2018 et en 2019 qui ont fait 346 morts, Boeing n’a jamais vraiment regagné la confiance du public. Le logiciel MCAS, responsable de ces accidents, avait mis au jour de graves manquements dans la conception et le contrôle qualité des avions. S’en sont suivies des enquêtes, des rappels, des avions cloués au sol, et une réputation durablement entachée.
En janvier 2024, un Boeing 737 MAX 9 d’Alaska Airlines avait perdu une partie de son fuselage en plein vol. Puis ce fut le Dreamliner : en avril 2024, un lanceur d’alerte témoignait devant le Sénat américain de défauts de fabrication sur les modèles 787 et 777. Huit Dreamliners ont dû être immobilisés temporairement et plus d’une centaine réusinés.
Dernier drame en date : le crash d’un Boeing 787 d’Air India, le 11 juillet, qui a coûté la vie à plus de 260 personnes. Et même si l’enquête est encore en cours, les marchés, eux, ont immédiatement réagi : l’action Boeing a plongé de 4%, celle de GE Aerospace (qui fabrique les moteurs) de 2%.
Une entreprise sous perfusion
Avec plus de 31 milliards de dollars de pertes nettes entre 2020 et fin 2024 selon un calcul de l’AFP, l’entreprise a lancé en octobre dernier une levée de fonds d’urgence de 19 milliards de dollars pour éviter la faillite. Elle a aussi dû réduire ses effectifs de 10% (soit presque 171 000 employés fin 2023), et a même envisagé la cession de ses activités spatiales.
À cela s’est ajouté une grève massive de 33 000 ouvriers qui a paralysé ses usines phares en 2024. C’était la grève américaine la plus coûteuse depuis 25 ans. L’entreprise est à bout de souffle, enlisée dans une crise industrielle et sociale.
Une détresse bien visible au dernier Salon du Bourget, où Airbus a occupé le devant de la scène pendant que le géant américain était resté dans l’ombre et était reparti sans aucune commande. Une discrétion volontaire de la part de l’entreprise qui n’avait pas le cœur à fêter après sa longue série de scandales.
L’enquête de l’Administration fédérale de l’aviation (FAA) sur l’incendie qui a eu lieu vendredi dernier dira si la responsabilité est à imputer à Boeing, à la maintenance de Delta ou à un autre facteur. Mais une chose est sûre : l’accumulation des incidents entame sérieusement la confiance du public et des professionnels envers la fiabilité des avions du géant américain.
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