Mort de Thierry Ardisson : ce que révèle la polémique autour de l’annonce anticipée de son décès
Depuis hier, la télévision française pleure l’un de ses visages les plus singuliers. Thierry Ardisson s’est éteint à 76 ans. Ce 15 juillet, les hommages pleuvent pour saluer l’« homme en noir », tandis qu’une controverse autour de l’annonce prématurée de son décès par le journaliste Clément Garin secoue les réseaux sociaux. Entre emballement numérique, tentative de contrôle du récit et menaces judiciaires, retour sur une journée où l’émotion se mêle à l’indignation.
Une annonce prématurée qui embrase la toile
Peu avant 21h, ce 13 juillet, le journaliste indépendant Clément Garin jette un pavé dans la mare sur X : « Thierry Ardisson est mort à l’âge de 76 ans (sources concordantes) ». Le fondateur et animateur de CGTV (média numérique indépendant, non reconnu comme organe de presse officiel) affirme tenir son scoop de sources fiables. En quelques minutes, l’information fait le tour du réseau et déclenche une tempête numérique. Mais elle est immédiatement démentie par Audrey Crespo-Mara, compagne du défunt depuis 2014 et présentatrice sur TF1, qui s’empare de la même plateforme pour asséner une réplique glaciale :
« HONTE À VOUS ! NON, MON MARI N’EST PAS MORT. »
Le tweet est rapidement supprimé par l’ancien chroniqueur de Touche pas à mon poste, qui s’explique laconiquement : « Bon je supprime, car j’ai encore les avocats au cul. Ils veulent tout garder pour le documentaire et révéler plusieurs semaines après. » Mais cette justification, maladroite ou lucide selon les points de vue, alimente les doutes. Car le lendemain au matin, le 14 juillet à 8h, la mort du célèbre présentateur est confirmée par sa famille. Dans un communiqué cinglant, Audrey Crespo-Mara dénonce une atteinte grave à l’intimité du couple et de la famille et fait savoir qu’elle engage des poursuites :
Le récit verrouillé dès l’aube
La dimension symbolique de la date n’a pas échappé aux proches. Laurent Baffie, son complice de longue date, confie à RTL avec une émotion palpable : « Thierry Ardisson a vraiment réussi sa mort, un 14 juillet, pour un monarchiste, c’est incroyable. ». Ce délai de moins de 15 heures entre le tweet et l’annonce officielle interroge. Né un 6 janvier, disparu un 14 juillet… certains y voient un dernier pied de nez signé Ardisson lui-même.
De son côté, dans un communiqué réservé à ses abonnés, Clément Garin déclare avoir vécu « les 12 heures les plus effroyables » de sa vie. « En quelques minutes, j’ai reçu des dizaines de menaces de mort et des milliers d’insultes à caractère homophobe. ». Il accuse également un avocat de la famille, de harcèlement via WhatsApp : « au lieu d’envoyer des LRAR (lettre recommandée avec accusé de réception.) ».
Il se défend : « Certains affirment que ce n’était pas à moi de dévoiler cette information. Je suis un média comme un autre. Je ne suis pas l’AFP, je ne suis pas TMZ, je ne suis pas Le Parisien. » Avant d’ajouter : « J’entends la colère de son épouse, mais je dénonce les méthodes utilisées pour m’intimider. », comme le rapporte le Huffington Post.
Cette affaire révèle une fracture dans le paysage médiatique. D’un côté, les médias traditionnels, comme l’AFP ou TF1, prônent la retenue. De l’autre, des acteurs comme Garin, revendiquant une liberté sans filtres, bousculent les codes, au risque de franchir des limites éthiques. Annoncer la mort d’une personne encore en vie, même par erreur, est une faute grave.
Une mort, deux vérités
Comme un symbole, Thierry Ardisson s’en est allé un 14 juillet. À ce stade, rien ne permet de trancher avec certitude sur l’heure exacte du décès. Mais ce qu’a révélé cette séquence, c’est moins un affrontement entre vérité et mensonge qu’un bras de fer entre deux temporalités : celle des réseaux, immédiate, brute, souvent brutale, et celle d’une communication familiale, maîtrisée, sanctuarisée. Et entre les deux, le lecteur, laissé libre de ses spéculations.
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