Exposition Serial Killer : quand l’horreur rencontre la science aux Galeries Montparnasse
À travers objets authentiques, reconstitutions saisissantes et réalité virtuelle, l’exposition Serial Killer explore l’univers des tueurs en série, révélant leur complexité tout en honorant les victimes.
Une Volkswagen Coccinelle modèle 1968, réplique de celle utilisée par Ted Bundy, accueille les visiteurs. Du 21 février au 15 juin, les Galeries Montparnasse présentent Serial Killer, une exposition de 2000 m², conçue par la société italienne Italmostre sous la direction de Giancarlo Guerra. Après avoir fasciné Milan, Rome et Londres, elle pose ses 1000 artefacts, patiemment réunis sur une décennie, à Paris.
Le parcours, organisé chronologiquement, débute avec Jack l’Éventreur, dont les meurtres de 1888 à Whitechapel restent irrésolus. Les lettres provocatrices, comme la célèbre « Dear Boss » écrite à l’encre rouge, exposées sous verre, captivent par leur ton arrogant. Plus loin, la marmite de 70 litres de Leonarda Cianciulli, utilisée pour dissoudre ses victimes, ou le crâne-cendrier d’Ed Gein glacent le sang. L’exposition ne se contente pas de choquer : elle explore les avancées des sciences forensiques, comme l’optographie, tentative de capturer la dernière image vue par la rétine, ou la dactyloscopie, analyse des empreintes digitales, qui a transformé les enquêtes criminelles.
Au-delà des mythes : une exploration humaine et historique
L’exposition excelle à humaniser les victimes tout en disséquant la psyché des tueurs. Les portraits de Mary Ann Nichols ou Mary Jane Kelly, victimes de Jack l’Éventreur, rappellent leur vulnérabilité dans le Londres miséreux de 1888. En parallèle, des profils comme celui de Joseph Vacher, « l’Éventreur français », ou de Ted Bundy, charmeur manipulateur, illustrent la diversité des tueurs en série. Certains, comme Karl Denke, cannibale déguisé en pieux bienfaiteur, trompaient leur entourage avec une façade irréprochable. D’autres, à l’image de Ramadan Mansour, le « Tueur du train express », laissaient derrière eux des crimes d’une cruauté inouïe.
Le parcours, d’une richesse historique, juxtapose archives, objets authentiques et reconstitutions d’un réalisme troublant : corps ensanglantés dans des malles, cadavres gisant sur des lits ou dans des baignoires gorgées de sang, organes exposés sur des tables, armes variées – couteaux, haches, revolvers – et objets en peau humaine inspirés des créations d’Ed Gein. Des salles de réalité virtuelle, équipées de casques suspendus à des câbles, plongent les visiteurs dans des scènes cauchemardesques dignes de Black Mirror. Pourtant, l’exposition évite le sensationnalisme en contextualisant chaque cas, des ruelles sombres de Whitechapel aux banlieues américaines des années 1990. Elle interroge aussi les mythes : non, les tueurs en série ne sont pas tous des marginaux, et leurs motivations – vengeance, pouvoir, délire mystique – défient souvent la logique.
Ces objets, lettres et récits ne sont pas de simples reliques : ils rappellent que l’horreur peut surgir là où on l’attend le moins. Serial Killer ne glorifie pas les criminels mais éclaire leurs crimes, leurs victimes et les progrès scientifiques qui ont permis de les traquer.
Dorine Vaudron
L’exposition Serial Killer se tient aux Galeries Montparnasse, 22 rue du Départ, 75015 Paris, du 21 février au 15 juin 2025.
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