Nvidia, victime collatérale de la guerre technologique entre les USA et la Chine
Les États-Unis resserrent encore l’étau sur les exportations de semi-conducteurs vers la Chine au nom de la sécurité nationale. Mais cette stratégie protectionniste a un prix. Le géant Nvidia encaisse de lourdes pertes, tandis que Pékin montre qu’il peut avancer sans les puces américaines.
La guerre technologique entre les États-Unis et la Chine fait une nouvelle victime de taille : Nvidia. Le géant américain des semi-conducteurs vient d’annoncer une charge exceptionnelle de 5,5 milliards de dollars au premier trimestre de son exercice fiscal. En cause : les nouvelles restrictions d’exportation de puces d’intelligence artificielle imposées par l’administration américaine.
Ces mesures, instaurées sous Joe Biden et durcies par Donald Trump, visent à freiner le développement de technologies sensibles en Chine. Les autorités américaines exigent désormais une licence d’exportation pour toute vente de certaines puces, dont les modèles H20 conçus spécialement pour respecter les règles en vigueur. Moins puissantes que les H100 ou H200, les puces H20 avaient pourtant été pensées pour contourner les restrictions américaines tout en continuant d’alimenter le marché chinois. Leur mise à l’arrêt prive Nvidia d’un débouché essentiel. Depuis l’instauration des premières règles de contrôle, les revenus générés en Chine ont déjà été divisés par deux.
Washington souhaite préserver sa supériorité technologique tout en empêchant Pékin de renforcer ses capacités militaires. Mais les effets économiques sur les entreprises américaines sont lourds. Nvidia, qui a vu son chiffre d’affaires dépasser les 100 milliards de dollars annuels, paie aujourd’hui le prix d’une politique de plus en plus protectionniste.
Relocaliser à tout prix
L’administration Trump ne compte pas s’arrêter là. Donald Trump a annoncé de nouvelles taxes sur les puces électroniques entrant sur le sol américain. Si les semi-conducteurs étaient jusque-là exemptés de droits de douane, ils seront désormais concernés. Cette décision vise à forcer la relocalisation des chaînes de production aux États-Unis. Nvidia a d’ailleurs confirmé qu’une partie de sa fabrication de puces pour superordinateurs d’IA serait désormais assurée sur le territoire américain, avec le soutien de ses sous-traitants taïwanais comme TSMC, Foxconn et Wistron.
Une stratégie protectionniste qui intervient dans un contexte de forte concurrence. Le lancement récent de l’IA DeepSeek, par une start-up chinoise, a provoqué une onde de choc à Wall Street. Développée sans les puces H100 de Nvidia, elle démontre que la Chine peut avancer malgré l’embargo.
La Maison Blanche se félicite du retour de l’industrie sur le sol américain, soulignant des bénéfices pour l’emploi, l’économie nationale et la sécurité. Mais en s’attaquant à la Chine, les États-Unis fragilisent aussi des piliers de leur propre puissance technologique.
La course à l’IA devient un jeu d’équilibriste. Entre protection de l’avance technologique et maintien de la compétitivité de ses entreprises, Washington marche sur une ligne fine.
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