Décès du doubleur Benoît Allemane : hommage de Morgan Freeman à ce métier de l’ombre
L’acteur Morgan Freeman a rendu hommage à l’homme qui a incarné sa voix française pendant plus de trente ans. Son tweet en l’honneur de Benoît Allemane, décédé le 5 janvier dernier à l’âge de 82 ans, permet de mettre en lumière cette profession trop souvent oubliée.
L’interprète du président Mandela dans Invictus a fait ses adieux à sa voix française sur X. « Nous faisons nos adieux à l’artiste et acteur Benoît Allemane, qui était également connu pour être la voix officielle de votre serviteur dans le cinéma français », a écrit Morgan Freeman, accompagnant son tweet d’une photo. Il apparait sur celle-ci en compagnie du doubleur, qu’il avait rencontré pour la première fois lors du dernier Festival de Télévision de Monte-Carlo (2024). Cela faisait déjà 33 ans que Benoît Allemane accompagnait les versions françaises des films de l’acteur américain, depuis Impitoyable, sorti en 1992. Il double notamment Les Évadés (1994), pour lequel Morgan Freeman est nommé pour l’Oscar du meilleur acteur, et Million Dollar Baby, qui offre à l’acteur la statuette dorée pour la catégorie du meilleur acteur dans un second rôle. Il l’accompagne jusqu’en 2023, avec la série télévisée Special Ops : Lioness.
Morgan Freeman a également présenté ses condoléances à la famille de Benoît Allemane, qui avait annoncé le décès de ce dernier sur sa page Instagram. Son touchant hommage se conclut en ces mots : « Mes plus sincères condoléances à sa famille et à toute la communauté française qui ont été bénis par ses talents remarquables ».
Benoît Allemane, doubleur mais pas seulement
Pour de nombreux français, il n’est que la voix de Morgan Freeman, reconnaissable par ses accents graves et profonds. Mais Benoît Allemane a également d’autres cordes à son arc artistique. Il commence sa carrière au théâtre, jouant notamment dans des pièces comme Richard III de William Shakespeare, La Guerre de Troie n’aura pas lieu de Jean Giraudoux, ou encore Antigone de Jean Anouilh. Au total, il montera sur les planches dans une soixantaine de pièces, et sera également metteur en scène. Il commence le doublage en incarnant Babar dans la série télévisée Les Aventures de Babar (1969). Pour les studios Disney, il double Baloo dans Super Baloo (1990-1991), et prêtera sa voix à plusieurs personnages de films d’animation comme Zeus, dans Hercule (1997). Il double aussi des personnages de jeux vidéo jusqu’en 2020, avec Total War Saga : Troy.
Il incarne régulièrement la voix du Père Noël, présente des émissions de radio comme Les Signes de Destin en 1981 avec Françoise Hardy. Il joue également dans des courts-métrages, prête sa voix à des personnages fictifs dans des vidéos Youtube, et accompagne des documentaires en voix-off.
Le doublage, un métier méconnu
Benoît Allemane est l’exemple parfait de la polyvalence des doubleurs. Riches d’une voix souvent reconnaissable entre mille, ces hommes et femmes de l’ombre ne sont souvent pas reconnus à leur juste valeur. En effet, ils laissent aux Français des souvenirs impérissables d’intonations de voix cultes, dans des films ou même des publicités. Leur vie est également liée à celle de leur personnage, ou à l’acteur dont ils incarnent la voix française. Il s’agit donc de suivre son parcours professionnel, parfois surprenant. C’est le cas par exemple de Dorothée Pousséo, doubleuse officielle de Margot Robbie, qui a dû passer du personnage d’Harley Quinn, dans le film Suicide Squad (2016), à celui de Barbie, dans la comédie de Greta Gerwig (2023). Cette grande adaptabilité fait partie de l’ADN de cette profession, qui connaît aujourd’hui une mise en lumière plus importante. Plusieurs créateurs de contenus, comme les Youtubers McFly et Carlito (7,5 millions d’abonnés sur YouTube), mettent en avant ce métier de l’ombre dans une série de vidéos « Les voix de dessins animés cultes nous font un blind test ». La disparition de Benoît Allemane, qui laisse derrière lui un héritage vocal inoubliable, rappelle donc que les doubleurs, bien que souvent invisibles, jouent un rôle essentiel dans la magie du cinéma et de l’art audiovisuel.
Marie Barrera
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