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Mort de Jean-Marie Le Pen : l’homme sulfureux vu par les jeunes

Mort de Jean-Marie Le Pen : l’homme sulfureux vu par les jeunes

Pourtant jour du triste anniversaire de Charlie Hebdo, une autre information a ébranlé les réseaux : celle de la mort du fondateur et président honorifique du Rassemblement National, Jean-Marie Le Pen.

Top 1 tendance sur X, et près de 275 000 publications moins de 5h après sa mort. Même décédé, le virulent Jean-Marie le Pen n’aura pas manqué de faire parler. Annoncé par sa famille en début d’après-midi, Jean-Marie Le Pen est décédé à 96 ans, à l’hôpital de Garches (Hauts-de-Seine).

https://twitter.com/CerveauxNon/status/1876600751931416839

Pour une grande partie des jeunes, notamment ceux d’entre nous nés après les années 1990, Jean-Marie Le Pen évoque davantage une figure historique de la politique française plutôt qu’un acteur contemporain. Relégué au second plan par sa fille Marine Le Pen, à qui il avait cédé la présidence du Front National (devenu le Rassemblement National) en 2011, il était souvent perçu comme une icône du vieux nationalisme, dépassée par les enjeux politiques actuels et attachée à une France d’antan.

Dans les discussions en ligne ou lors de sondages informels, les jeunes associent souvent son nom à ses déclarations polémiques – notamment lorsqu’il qualifia les chambres à gaz de « détail de l’histoire » – et à ses positions tranchées sur l’immigration. Pour eux, il incarne un conservatisme rigide, éloigné des débats contemporains qui préoccupent la jeunesse. Une phrase moquée depuis des années, reprise dans des memes, revient souvent : le fameux “Jeanne, au secours !”, crié par Jean-Marie Le Pen lors d’une cérémonie en hommage à Jeanne d’Arc.

Rejet ou fascination : des réactions opposées

Chez les jeunes de gauche ou progressistes, Jean-Marie Le Pen est souvent vu comme l’antithèse des valeurs modernes. En témoigne la réaction du journal Le Point, titrant « Jean-Marie Le Pen, le diable de la République, est mort ». Les références à ses discours sont parfois utilisées pour illustrer un nationalisme agressif, islamophobe et raciste, incompatible avec notre société multiculturelle et ouverte. Pour ces jeunes, son héritage est indissociable des tensions identitaires d’aujourd’hui, que ce dernier aurait alimenté tout au long de sa carrière. Des réactions souvent extrêmes à la mort de l’homme politique : « Merci 2025« , « le vieux est mort » peut-on lire dans les tendances X.

https://twitter.com/Ledetendu/status/1876602374057324640

Cependant, une autre frange de la jeunesse, notamment à l’extrême droite, continue de voir en lui une source d’inspiration. « Le Menhir nous a quitté », peut-on lire sur le tweet d’un supporter du défunt politicien. Sur certains forums ou groupes en ligne, il est salué comme une figure ayant « osé dire ce que d’autres taisaient ». Cette admiration reste toutefois marginale par rapport à l’influence exercée aujourd’hui par Marine Le Pen ou d’autres figures de la droite radicale, perçues comme plus en phase avec les problématiques actuelles.

Une influence résiduelle dans le paysage politique

Si Jean-Marie Le Pen n’a plus joué de rôle direct dans la politique française ces dernières années, son impact sur la construction du Front National reste indéniable. Les jeunes qui s’intéressent à l’histoire politique voient en lui un acteur clé de la montée de l’extrême droite en France, mais son style provocateur et ses scandales le placent en décalage avec une stratégie de dédiabolisation menée par sa fille. Pour une génération habituée à des débats plus subtils et des leaders souvent plus lisses, Jean-Marie Le Pen incarne une époque où la polarisation politique s’exprimait sans filtres. Certains verront derrière son agressivité une forme de combativité honorifique. Un homme d’une époque révolue, continuant de susciter des réactions passionnées, même chez ceux qui ne l’ont pas connue en politicien actif.

Héritage divisé, mémoire controversée

La mort de Jean-Marie Le Pen, au-delà du symbole politique qu’il représentait, soulève des questions sur l’héritage laissé par ce dernier. Pour la jeunesse, son nom est souvent un repoussoir, associé à la division et à une vision rigide de l’identité française. Mais pour d’autres, il reste une figure majeure de l’histoire politique, dont l’influence bien que contestée continue de nourrir des débats : Des termes et sujet mis en avant par Éric Zemmour durant sa campagne présidentielle de 2022 étaient par exemple directement repris des thèses de Le Pen.

En fin de compte, Jean-Marie Le Pen restera l’un de ces personnages dont la mémoire divise profondément, incarnant à la fois le poids de l’histoire et les fractures qui traversent encore la société française.

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