×

Budget 2026 : supprimer deux jours fériés, qui paiera vraiment l’addition ?

Bayrou budget 2026

Budget 2026 : supprimer deux jours fériés, qui paiera vraiment l’addition ?

À l’occasion de la présentation du budget 2026, François Bayrou a proposé la suppression de deux jours fériés. Le premier ministre a ainsi relancé un débat sensible : travailler plus pour redresser les finances publiques, certes, mais qui travaillera vraiment plus ? Loin d’un effort uniformément réparti, la mesure pourrait creuser les écarts entre catégories sociales.

« Il faut travailler plus. Je propose que deux jours fériés soient supprimés : je propose le lundi de Pâques et le 8 mai. », a lancé François Bayrou, ce mardi, lors de son allocution consacrée aux grandes orientations du budget 2026. Officiellement, cette mesure vise à augmenter le temps de travail sans alourdir les prélèvements. Selon une estimation relayée par Le Point, la suppression de deux jours fériés pourrait générer entre 3 et 4 milliards d’euros d’économies par an. Mais tous les actifs ne seront pas concernés de la même manière.

Le sacrifice de certains, l’indifférence des autres

Les cadres au forfait jours, qui représentent environ 50 % des cadres du secteur privé selon une étude de la Dares (direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) citée par Village‑Justice, ne verront aucun changement. Leur charge de travail est calculée à l’année, sans référence aux jours fériés. Il en va de même pour les professions libérales, les dirigeants et les indépendants, dont l’activité échappe aux contraintes du calendrier conventionnel.

En revanche, pour les salariés à horaires fixes — ouvriers, employés, personnels administratifs, agents techniques —, cette suppression revient à une journée de travail supplémentaire sans majoration de salaire, sauf accord collectif spécifique. D’après l’Insee (2023), ces contrats concernent près de 60 % des salariés français. Dans des secteurs comme les hôpitaux, les transports ou les collectivités, les jours fériés contribuent souvent à soulager des plannings sous tension. Leur disparition pourrait donc renforcer la pression.

Derrière une apparente équité budgétaire, la réalité sociale est nette : les efforts exigés pèseront davantage sur ceux qui disposent du moins de marge de négociation. La mesure, si elle venait à être adoptée, poserait donc une question de fond : le redressement des comptes publics peut-il reposer, une fois de plus, sur les mêmes ?

Dorine Vaudron

Laisser un commentaire

  • Facebook
  • X (Twitter)
  • LinkedIn
  • More Networks
Copy link