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Budget 2026 : le gel des prestations sociales à l’étude pour réduire le déficit

Bayrou budget 2026

Budget 2026 : le gel des prestations sociales à l’étude pour réduire le déficit

À moins d’une heure de la prise de parole de François  Bayrou, le spectre d’une « année blanche » plane. Le gouvernement envisage de désindexer temporairement les aides sociales et les retraites. Une mesure de rigueur qui ne supprime aucune prestation, mais les laisse stagner malgré l’inflation, réduisant leur poids réel pour les bénéficiaires. Un scénario budgétaire qui pourrait modifier en profondeur les équilibres de la redistribution française.

Gel des prestations : mesure technique, portée symbolique

À Paris, Bercy et Matignon négocient ardemment la piste du gel – ou désindexation — des aides sociales, des pensions et du barème de l’impôt sur le revenu, dans le cadre du Budget 2026. Selon une évaluation publiée le 28 juin par l’Institut des politiques publiques (IPP), et reprise depuis par plusieurs sources concordantes dont Le Figaro, ce maintien des prestations à leur niveau actuel, permettrait de réaliser 5,7 milliards d’euros d’économies dès l’année prochaine : 3  milliards sur les retraites, 1,3  sur les prestations sociales et 1,4  sur l’impôt sur le revenu.

Officiellement, cette mesure s’inscrit dans une logique de rigueur budgétaire face à un déficit public que le gouvernement souhaite ramener à 4,6 % du PIB en 2026, comme le rapporte Le Monde. Mais cette décision soulève un autre enjeu, plus idéologique : celui de la redistribution sans condition. Le gel des prestations toucherait aussi bien les retraités que les bénéficiaires du RSA, des APL ou des allocations familiales. Autrement dit, des dispositifs largement non contributifs, accessibles sans lien préalable avec l’emploi ou la cotisation.

Solidarité ou assistanat ?

La DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) rappelle que fin 2022, près de 6,9 millions de personnes percevaient au moins un minimum social en France. Parmi elles, un certain nombre n’ont jamais cotisé dans le système, y compris des personnes nées à l’étranger ou récemment arrivées. Tout en évitant toute référence explicite à l’immigration, la mesure cible mécaniquement les publics perçus comme « non-contributeurs ».

Dans l’opposition, la gauche dénonce une attaque contre les plus fragiles, tandis que Les Républicains et le Rassemblement national fustigent une dérive risquée. Ce projet de gel des dépenses est « une très mauvaise solution », a estimé Éric Coquerel (LFI), président de la commission des finances. Le Rassemblement national y voit « une logique de coups de rabot », et François‑Xavier Bellamy (LR) dénonce « l’inverse de la bonne stratégie ». Reste à savoir si François Bayrou assumera pleinement le tournant politique que cette mesure implique, ou s’il continuera de la présenter comme une simple nécessité budgétaire.

Dorine Vaudron

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