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Prisons ciblées, surveillants menacés : la peur gagne du terrain

Prisons ciblées, surveillants menacés : la peur gagne du terrain

Depuis dimanche, une vague d’attaques vise les établissements pénitentiaires et leurs agents à travers la France. Véhicules incendiés, tirs d’armes lourdes, domiciles pris pour cible : les actes se multiplient. Tandis que le lien avec le narcotrafic est évoqué par le gouvernement, l’inquiétude grandit dans les rangs des surveillants, de plus en plus exposés et livrés à eux-mêmes.

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« Pour l’heure, il n’y a pas de piste privilégiée » explique le procureur national antiterroriste Olivier Christen, au sujet des dégradations dont a été victime l’institution pénitentiaire partout en France. « Il n’y a pas eu d’arrestation, ni de ciblage spécifique de profils », précise-t-il également. Depuis dimanche, la France est secouée par une série d’actes hostiles à l’encontre du système carcéral. Ces actions sont souvent accompagnées du sigle « DDPF », pour « Défense des droits des prisonniers français ». Mais à ce jour, les auteurs de ces exactions n’ont pas été identifiés.

Plusieurs domiciles d’agents pénitentiaires ont également été visés, renforçant l’inquiétude croissante au sein du personnel. « En allant au travail, on se pose parfois la question : est-ce que je vais rentrer en vie ce soir ? », confie Bruno, surveillant pénitentiaire dans l’Ouest de la France. « On n’est pas toujours soutenus en cas d’agression, et on n’a pas les moyens de se défendre, juste un sifflet pour sonner l’alarme », déplore-t-il. Même les menottes sont interdites, bien qu’elles ne soient pas des armes mais seulement un outil pour maitriser le détenu. Les incidents récents ravivent les craintes de nombreux agents, en particulier les attaques visant des domiciles privés, comme à Réau ou ailleurs en Seine-et-Marne. « J’ai une famille, des enfants… et j’ai peur qu’il leur arrive quelque chose, même à la maison », s’inquiète Bruno. « Je ne me sens plus en sécurité quand je rentre chez moi. »

Les syndicats inquiets font appel au gouvernement

Du côté des syndicats, la colère et l’inquiétude sont également de mise. Dans les colonnes de La Dépêche, Dominique Gombert, secrétaire général adjoint du syndicat Force Ouvrière Justice, dénonce une tentative d’intimidation de l’État. « Par ces attaques, ils veulent atteindre l’administration pénitentiaire« , dit-il, alors que des agents voient leurs voitures incendiées chaque nuit depuis dimanche. « Il y a chez les personnels de la colère et de l’inquiétude, pas forcément que pour eux mais aussi pour leur famille », rapporte à 20 Minutes Christy Nicolas, le secrétaire général du Syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS). Les surveillants ont interpellé le gouvernement en la personne du ministre de la Justice, Gérald Darmanin, afin de renforcer la sécurité des agents. « Il y a déjà eu des choses de faites. Ils ont demandé aux policiers de faire plus de rondes aux abords des établissements et d’être présents au moment de la relève des agents », remarque Christy Nicolas. Mais la charge mentale peut se révéler écrasante pour ces hommes et ces femmes de l’ombre, dont la mission devient chaque jour plus difficile. Les difficultés de recrutement entraînent des situations de sous-effectif, accentuant les tensions entre détenus et personnel. Avec les événements récents, l’insécurité ne se cantonne plus aux murs des centres pénitentiaires : elle gagne aussi l’extérieur, et parfois même l’espace privé. Un climat anxiogène qui interroge sur la capacité de l’État à protéger ses propres agents.

Marie Barrera

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