Festival du Livre : quand l’édition se fait militante
Plusieurs incidents ont eu lieu lors du grand rendez-vous des littéraires qui a lieu du 11 au 13 avril. Affiches partisanes, agressions militantes, livres anti-Bolloré…retour sur un évènement neutre devenue le théâtre d’une bataille culturel.
La 44ème édition du festival du livre a été grandiose cette année. 114 000 visiteurs se sont rués au Grand Palais pour profiter de 3 jours de programmation exceptionnelle et de l’intervention de plus de 1200 auteurs. Plusieurs noms connus du milieu littéraire comme Augustin Trapenard étaient présents lors de cet événement à ne pas manquer pour tous les fans de littérature. L’objectif était de rendre ce rendez-vous agréable pour tout le monde comme en témoigne la mise à l’honneur du Maroc, invitée exceptionnelle permettant de découvrir plus de 50 auteurs marocains.
Des troubles peu fréquents
Une maison d’édition indépendante appelée Tusitula s’est fait remarquer. Aidée par un don financier pour lancer une collection de livres de poche, elle était située dans le stand de la région Île-de-France comme les 41 autres éditeurs franciliens indépendants. Tusitula participent à un ouvrage collectif en collaboration avec d’autres éditeurs indépendants intitulé Déborder Bolloré : faire face au libéralisme autoritaire dans le monde du livre. Et pour en faire la promotion, ils ont eu l’excellente idée de mettre des fascicules pour annoncer la sortie du livre. Juste à côté, on pouvait lire une affiche comparable à ceux d’un tract avec écrit : « Le monde du livre refuse le monopole et l’ingérence fasciste de Bolloré !».
Pour rappel, le stand des éditions Fayard était présent pour l’événement. Ils appartiennent depuis 1 an à Vincent Bolloré grâce au rachat du groupe Lagardère par sa firme Vivendi. Le milliardaire possède maintenant le groupe d’édition Hachette. Il leur a été reproché d’avoir édité des livres de certaines personnalités de droite comme Jordan Bardella et Sonia Mabrouk.
Samedi, ils ont été victimes d’une scène surréaliste quand des militants d’extrême gauche se sont rués dans le stand pour contester leur présence. Jets de peluches, slogans hostiles et insultes habituels comme « Bolloré, casse-toi ». Ce genre d’incidents ne sont jamais arrivés depuis la première édition du festival en 1981.
Lutter contre l’idéologie par l’idéologie
Dans un milieu littéraire très marqué à gauche, difficile d’avoir des idées plus à droite que le centre. En conséquence de leur action, la maison d’édition s’est vu demander par les services de la région de retirer l’affiche et les fascicules au nom de la neutralité du service public. Elle a refusé en justifiant que Bolloré n’est pas une personnalité politique mais financière. Ce ne serait donc pas une action politique de dénoncer un « conglomérat dans l’édition » et « la constitution d’un empire qui peut menacer le pluralisme ». Selon eux, il ne faudrait donc pas que des éditeurs défendent des idées de droite au nom de la pluralité. Mais le milieu de l’édition est-il vraiment pluraliste ?
Après cela, ils ont préféré partir du salon dignement en bons héritiers de l’antifascisme, dans un combat héroïque contre les affiches, les livres, et parfois même la nuance…

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