2024 : L’année où la planète a surchauffé
C’est officiel : ce vendredi 10 janvier, le service européen Copernicus pour le changement climatique (C3S) a confirmé ce que les scientifiques redoutaient depuis des mois. 2024 décroche le triste titre de l’année la plus chaude jamais enregistrée à l’échelle mondiale.
Pourquoi 2024 a explosé tous les compteurs
Il ne faut pas se voiler la face : on savait que ça allait arriver. Des décennies d’émissions de gaz à effet de serre, alimentées par notre dépendance au charbon, au pétrole et au gaz, ont fini par nous rattraper. Et si El Niño, ce courant chaud dans l’océan Pacifique, a joué un rôle, il n’a fait qu’aggraver une tendance déjà bien installée. Carlo Buontempo, directeur du service Copernicus, déclarait déjà en octobre 2024 : « La cause fondamentale du record de cette année est le changement climatique. Le climat se réchauffe, de manière générale. Il se réchauffe sur tous les continents, dans tous les bassins océaniques. Il est donc certain que ces records seront battus. ».
Mais au-delà des graphiques et des records, cette année brûlante est une preuve concrète que nous sommes en train de dépasser les limites de notre planète. Ce serait comme rouler à toute vitesse vers un mur, tout en se disant qu’on a encore le temps de freiner. Et comme si cela ne suffisait pas, 2024 a également marqué un tournant historique : c’est la première année où la température moyenne mondiale a dépassé le seuil critique de +1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle.
Plus précisément, la température moyenne annuelle a atteint 15,10 °C, soit 1,6 °C de plus que la moyenne observée entre 1850 et 1900, période utilisée comme référence. Ce dépassement, bien que temporaire, constitue un signal d’alerte qui ne peut être ignoré. Ce constat, loin d’être une surprise, illustre à quel point les effets du changement climatique s’accélèrent.
Des catastrophes en série
2024 n’a pas été une année normale. Partout sur la planète, la nature a crié sa colère. En Asie, des cyclones monstrueux ont balayé des régions entières. Les Philippines ont été ravagées en août par une tempête d’une intensité jamais vue, laissant derrière elle des villes rasées et des millions de personnes sans abri. Ces monstres climatiques, nourris par des océans surchauffés, ne sont plus l’exception, mais une terrible nouvelle norme.
En Amérique du Nord, les flammes ont dévoré la Californie et la Colombie-Britannique. Les incendies n’ont pas seulement brûlé plus de 3 millions d’hectares, ils ont détruit des quartiers entiers, anéanti des écosystèmes et envoyé des panaches de fumée jusque dans l’Arctique. En Australie, des scènes similaires se sont jouées : des feux incontrôlables, des forêts transformées en cendres et des espèces animales poussées encore plus près de l’extinction.
En Afrique, la sécheresse a frappé sans pitié. Dans la Corne de l’Afrique, les sols sont devenus poussière, les puits se sont asséchés, et des millions de familles se sont retrouvées sans nourriture ni eau. Les visages de la faim, de la soif et du désespoir se sont multipliés, et avec eux, l’urgence de répondre à une crise humanitaire amplifiée par le climat.
En Europe, les eaux ont pris le dessus. Des inondations historiques ont transformé des villes comme Ljubljana, en Slovénie, et des villages en Allemagne en champs de ruines aquatiques. Ces torrents n’ont laissé aucune chance, détruisant maisons, routes et vies en quelques heures. Pendant ce temps, le Sud de l’Europe étouffait sous des vagues de chaleur infernales, avec des températures dépassant 45 °C en Espagne et en Italie, provoquant des milliers de morts et des paysages desséchés à perte de vue.
Ces catastrophes sont les nouveaux visages du changement climatique. Elles frappent plus fort, plus souvent, et elles touchent tout le monde. Ce n’est plus une question de « si » mais de « quand ».
+1,5 °C : un seuil critique dépassé
Ce seuil de 1,5 °C, on en parle depuis des années. Il est au cœur de l’Accord de Paris, signé en 2015, qui visait à contenir le réchauffement mondial en dessous de cette limite. Ce dépassement est temporaire, mais il montre combien on flirte dangereusement avec le point de non-retour. Cela ne veut pas dire que l’objectif est perdu, mais que le temps presse. Les scientifiques nous avertissent : chaque dixième de degré supplémentaire augmente les risques de catastrophes irréversibles. À +1,5 °C, on parle de vagues de chaleur plus fréquentes. À +2 °C, ce sont des millions de personnes menacées par la montée des eaux. Et si on continue comme ça ? Les experts ne se risquent même plus à l’imaginer. L’urgence est là, et cette année record nous pousse à agir vite.
2024 : Un tournant pour l’avenir
2024 est un tournant. Une année qui restera gravée dans les mémoires comme celle où la planète a montré ses limites. Mais cette nouvelle année doit être un déclencheur, une prise de conscience globale, que le temps est venu de passer à l’action.
L’histoire n’est pas encore écrite. Partout, des solutions émergent. Des jeunes se battent, des entreprises innovent, des citoyens prennent des initiatives. Les technologies pour réduire les émissions sont là, et des millions de personnes, à travers le globe, sont prêtes à agir. 2024 n’est pas seulement un avertissement, c’est aussi une chance unique de prouver que nous sommes capables de renverser la tendance.
Dorine Vaudron
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