Iran : le courage de ces femmes qui refusent le régime islamique

Le gouvernement italien a annoncé ce mercredi 8 janvier la libération de la journaliste Cecilia Sala, détenue en Iran depuis le 19 décembre 2024. Cet évènement s’inscrit dans un contexte de forte répression des droits des femmes en Iran, menant à des scènes de désobéissance civile de plus en plus fréquentes. 

« L’avion rapatriant Cecilia Sala a décollé de Téhéran » : sur son compte X, Giorgia Meloni annonce le retour de la journaliste, après avoir « personnellement informé ses parents par téléphone ».  La jeune femme de 29 ans avait été arrêtée le 19 décembre dernier pour avoir « enfreint les lois » de la République Islamique, sans plus d’explications. Le média Mashregh News, qui serait lié aux services de renseignement iraniens, décrit l’Italienne comme une « journaliste-espionne ».

Officieusement, son incarcération pourrait être corrélée à des représailles du gouvernement iranien, associées à l’arrestation de Mohammad Abedini Najafabadi. Cet homme d’affaires suisso-iranien, soupçonné de trafic d’armes, avait été arrêté trois jours plus tôt à l’aéroport de Milan. Cecilia Sala, arrivée en Iran le 13 décembre avec un visa journalistique, avait rencontré sur place l’humoriste Zeinab Musavi, elle-même emprisonnée deux ans pour des sketches satiriques. Elle avait également publié des images de femmes iraniennes refusant de porter le hijab en signe de protestation contre le régime en place.

Une multiplication des actes de désobéissance civiles

Depuis quelques années, les Iraniennes sont de plus en plus nombreuses à se lever contre la répression dont elles sont victimes. En 2022, Mahsa Amini, une étudiante de 23 ans, avait trouvé la mort à la suite de son arrestation pour « port de vêtements inappropriés ». En novembre dernier, des images d’Ahou Daryaei, étudiante à l’université Azad (Téhéran), avaient fait le tour du monde. On voyait la jeune femme en sous-vêtements, en face de l’université, défiant de façon pacifique les règles imposées par le régime iranien, et mises en application par les miliciens de la police des mœurs. Ahou Daryaei avait ensuite été arrêtée et placée en hôpital psychiatrique par le gouvernement. La vidéo, postée par la journaliste iranienne Masih Alinejad, avait été vue plus de 21 millions de fois sur son compte X, faisant ainsi connaître le quotidien des Iraniennes opprimées.

Plus récemment, cette même journaliste, vivant aujourd’hui aux États-Unis pour éviter la censure, a partagé la vidéo d’un nouvel acte de désobéissance civile à l’aéroport de Mehrabad (Téhéran). On y voit une jeune femme arracher le turban d’un mollah, membre éminent du clergé islamique, en criant « Alors, tu as toujours ton honneur maintenant ? ». L’homme lui avait précédemment fait une remarque sur son absence de hijab, c’est pourquoi on la voit utiliser le tissu arraché pour se couvrir la tête. Cette action est une véritable provocation, puisque les vêtements d’un mollah sont considérés comme sacrés et intouchables. Après l’incident, le média Mashregh News a affirmé que la femme était atteinte de « problèmes psychologiques ». Désormais, une génération d’Iraniennes se lève pour montrer leur désaccord à mesure que le régime islamique devient plus répressif, et faire entendre leur voix à l’échelle internationale.

Marie Barrera